34 ans après leurs parents, les « Enfants de Tchernobyl » victimes de la radioactivité
L’Histoire bégaye une nouvelle fois.
Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de Tchernobyl au nord de l’Ukraine explosait, le début d’une catastrophe sanitaire.
Le vendredi 4 avril 2020, un énorme incendie s’est déclenché dans la région de Tchernobyl. Il s’agit du plus grave incendie survenu dans les forêts avoisinantes depuis la catastrophe de 1986. Pendant plus de 2 semaines, plus de 30 000 hectares sont partis en fumée, un événement qui a eu la conséquence fâcheuse de réinjecter dans l’air ambiant des éléments radioactifs stockés dans le sol et la végétation de ces forêts.
34 ans après leurs parents, les « Enfants de Tchernobyl » sont à nouveau les victimes de la radioactivité de Tchernobyl.
Ce n’est pas la première fois que la région de Tchernobyl est touchée par des incendies. La fréquence importante de ces incendies dans cette partie de l’Ukraine pourrait être directement liée à l’intense contamination radioactive du milieu forestier. En effet, selon les chercheurs Timothy Mousseau et Anders Møller, la décomposition de l’humus et du bois mort est ralentie en zone contaminée, laissant s’accumuler des quantités plus importantes de bois sec. Ce phénomène pourrait être imputé à la vulnérabilité des insectes et micro-organismes à la radioactivité.
Les incendies entraînent nécessairement une remise en suspension de substances radioactives dans l’atmosphère, en particulier le césium 137 accumulé dans la biomasse (et probablement aussi le plutonium et le strontium 90). En effet, le bois, le couvert végétal, la litière en forêt, sont des réservoirs de contamination. La combustion de ces matériaux contaminés propulse alors dans l’atmosphère les substances radioactives accumulées. Les personnes soumises à ces fumées sont exposées immédiatement à une irradiation externe par le panache et à une exposition interne par inhalation d’air contaminé. Elles sont ensuite soumises à une exposition différée, à l’issue des retombées (par exemple contamination par ingestion de denrées contaminées par les nouveaux dépôts au sol).
Selon les données diffusées par le laboratoire indépendant de la CRIIRAD, ces incendies ont entraîné une augmentation ponctuelle de plus de 700 fois de la concentration en césium-137 dans l’air de la ville de Kiev, située à plus 100 kilomètres au sud de la centrale de Tchernobyl. Les deux pays voisins (Biélorussie et Fédération de Russie) sont également impactés par les retombées de ces incendies.
Malgré le discours rassurant des autorités locales, nationales et internationales sur la maîtrise de ces incendies, cet événement doit être considéré comme un accident nucléaire car les incendies peuvent mettre en suspension du césium 137 voire du plutonium et du strontium 90 stockés dans les arbres, affectant la chaîne alimentaire et la nappe phréatique. Le vent peut ensuite transporter de la fumée et des cendres contaminées vers de nouveaux territoires.
Les zones impactées sont habitées, en particulier par les enfants accueillis par l’association « Les Enfants de Tchernobyl » depuis 1993. Pour cette raison, l’association française soutient l’appel du Professeur Yuri Bandajevsky qui souhaite aider les habitants, dont 600 enfants, victimes durant deux semaines des fumées contaminées, quand ils ne voient pas leur maison détruite par les flammes. Il faut une transparence totale sur cette contamination passée sous silence.
L’association dont le siège est à Roggenhouse (Haut-Rhin) a interpelé « UNICEF Ukraine » pour que des mesures d’urgence soient prises pour protéger ces populations villageoises.
Cet incendie ne constitue malheureusement qu’une preuve de plus du fait que la catastrophe de Tchernobyl continue à se déployer, « c’est un arbre qui pousse » affirment les populations locales victimes depuis 34 années.
Ne prétextons pas de la crise du coronavirus pour laisser tomber les Ukrainiens, Biélorusses et Russes une nouvelle fois victimes de la catastrophe de Tchernobyl !
Lien vers ce communiqué de presse au format pdf en version française
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LA FRANCE EST BIEN TOUCHEE !
Modélisation par l'IRSN des nuages en provenance des incendies