Campagne de mesures de champignons d’Ukraine
En occident, les champignons ornent parfois nos sauces et nos plats. Dans les trois pays les plus contaminés par les retombées radioactives de Tchernobyl (Ukraine, Bélarus et Fédération de Russie), les champignons, très nombreux et gratuits, représentent souvent un aliment central que l’on mange toute l’année en quantité importante.
Malheureusement, les champignons sont, avec le gibier et certaines baies, les aliments qui concentrent le plus certains éléments radioactifs (en particulier le césium 137) et engendrent lors de consommations remarquables des risques sanitaires, en particulier pour les enfants.
C’est parce que nous avions observé un véritable trafic avec des cohortes de cueilleurs et des quantités considérables de champignons, récoltés jusque dans la zone interdite de radioprotection, que nous avons lancé puis organisé une vaste opération de radioprotection qui débutée en 1998 s’est déroulée sur plusieurs années avec les étapes successives suivantes :
- Des mycologues français, membres ou sympathisants de notre association, se sont rendus dans les villages ukrainiens voisins de la zone d’exclusion de Tchernobyl, pour récolter avec des Ukrainiens, durant une semaine, plusieurs milliers de champignons de toutes les variétés présentes, puis les déshydrater.
- Le fruit de cette collecte fut envoyé avec difficultés en France (les détecteurs de radioactivité s’étaient déclenchés à l’aéroport de Kyiv puis à celui de Paris) au laboratoire de physique nucléaire de la Criirad à Valence pour une analyse totale de la radioactivité détectée dans tous les échantillons.
- L’étude publiée par la Commission de Recherche et d’Informations Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIR) fut alarmante mais aussi instructive. En effet, si tous les champignons restaient très contaminés, certaines espèces comestibles concentrent plus de trente fois plus de radioactivité que d’autres.
- Nous avons réalisé une campagne de sensibilisation accessible à tous les habitants et cueilleurs de champignons ukrainiens. S’il est impossible d’expliquer à une population qui vit en dessous du seuil de pauvreté de ne pas se laisser séduire par les sirènes d’un trafic, il nous paraissait important d’expliquer que certaines espèces concentraient moins de radioactivité, donc étaient moins dangereuses à la consommation. Nous avons fait réaliser puis distribuer 5000 affiches illustrées pour transmettre ce message.
- Les résultats de ce travail scientifique et nos projets de radioprotection furent reconnus puis fortement médiatisés par la presse nationale française mais également par les décideurs et leaders d’opinion en Ukraine.
- A la demande de tous les partenaires associés à la diffusion de ces affiches (syndicats ouvriers, associations familiales et paroisses) ainsi que la population qui ont apprécié notre initiative, une seconde campagne de sensibilisation identique fut organisée cinq années après la première.
